Épisode 2 du balado « Travailler pour son monde »
Protéger et servir, raconté par Marie-Ève
Contrairement à plusieurs, devenir policière n’était pas « un rêve d’enfance » pour Marie-Ève. C’est au Cégep entre deux discussions à la cafétéria qu’une amie lui a suggéré de s’informer sur cette carrière. Humaine, engagée et toujours en mode solution : elle la voyait devenir policière.
Après s’être renseignée tant sur le programme que sur le métier, Marie-Ève fonce tête première. Elle ne le regrettera jamais.
« C’est un métier complet où on est très proche des gens, plus qu’on le pense. Quand les gens font le 911, ce n’est pas parce que ça va bien, c’est qu’il y a un problème, qu’ils ont besoin de nous. Ma vision, c’est protéger et servir. Et on le fait en équipe. »
Une présence policière rassurante
Au micro pour une première expérience de balado, Marie-Ève nous raconte des expériences de travail qui l’ont marquée. Comme la fois où une mère communique avec le 911 parce que son enfant est en crise. Désorienté, il se fait violence et est incontrôlable.
Sur place, il faut gérer l’urgence et minimiser les risques de blessures, tant pour le jeune que son entourage. Marie-Ève et sa collègue parviennent à faire baisser la tension, à calmer le jeu. Mais la situation n’est pas réglée pour autant. La mère se sent impuissante et en vient à questionner ses aptitudes parentales. Dans ce genre de situation, la honte peut s’installer, et le support policier prend tout son sens.
« Notre rôle, au-delà de gérer l’urgence, c’est aussi d’offrir une présence rassurante, d’être disponible, à l’écoute. Oui on règle la situation, mais on veut outiller les gens, les supporter pour que si une situation semblable se produit, ils se sentent plus en contrôle. Évidemment, si ça ne fonctionne pas, on sera toujours là. »
La reconnaissance? Relatif.
Les policières et policiers doivent apprendre à composer avec des situations difficiles. Malgré leurs interventions, la gratitude n’est pas toujours au rendez-vous.
Marie-Ève cite en exemple la fois où elle et sa collègue sont intervenues lors d’une tentative de suicide. Un soir, un homme dit à sa femme qu’il l’aime, mais qu’elle ne le reverra plus. Il quitte son domicile. La femme compose rapidement le 911.
Les policières retrouvent rapidement l’homme, la corde au cou. Elles interviennent à temps pour éviter le pire. Mais l’individu ne voit pas cela comme un sauvetage. Au contraire, il leur mentionne que ça ne faisait pas partie de son plan, qu’elles n’auraient jamais dû arriver. Qu’elles auraient dû le laisser faire.
« Sur le coup, c’est difficile à prendre parce qu’on veut juste être là pour aider. Mais on finit par comprendre : l’homme ne voyait plus de solution à sa souffrance. On a pris soin de l’écouter, sans jugement, puis de le référer. Aujourd’hui, même si sur le coup on n’a pas eu de reconnaissance, je suis satisfaite de notre travail parce que cette personne est encore en vie. »
Apporter de la lumière dans des moments sombres, c’est aussi ça, être policière.
Marie-Ève nous raconte ensuite une anecdote plus, loufoque. Loufoque, mais non moins dangereuse. Celle-là, on vous laisse l’écouter au son de sa voix, à 9 minutes 30 secondes du balado. Ça vaut le coup.
Un soir, ça frappe à la porte
Puis, il y a la fameuse scène. Celle que nous avons toutes et tous vue à la télévision. Celle où la police frappe à la porte d’une demeure pour annoncer à un parent le décès de son enfant à la suite d’un accident de voiture.
« On se présente chez le papa, et il nous fait entrer. On ne tourne pas autour du pot, parce qu’il n’y a pas de bonne façon de dire ça. Je voyais dans la personne devant moi, comme si je devais annoncer à mon père que ma sœur ou moi étions décédées. »
Le couperet tombe, le père flanche, anéanti. Rassemblant leur esprit, les policières assistent à la scène, le supportent. Impuissantes, mais présentes.
« On a laissé la crise passer. Il n’y a pas de bonne chose à faire, mais il n’y a pas de mauvaise chose à faire non plus, alors on improvise. C’est l’essence de notre travail dans ces situations, notre côté humain ressort. Une intervenante s’est déplacée pour assurer la suite de l’intervention, et nous avons quitté. »
Ce soir-là, quand je suis arrivée chez moi, j’étais vidée. On était vidées.
Une semaine plus tard, Marie-Ève reçoit un courriel de la part d’un collègue policier.
« Le courriel disait, j’ai croisé le monsieur, le papa à qui vous avez annoncé le décès de son fils, et il voulait vous remercier de la façon dont ça a été fait. Il est content que ce soit vous qui étiez là, à ce moment-là. C’est venu me chercher. »
Ce courriel, elle l’a gardé précieusement.
« Quand ça va moins bien, je le relis. Ça me fait vraiment du bien. »
Apprendre à décrocher
Évidemment, pour exercer le métier de policière, il faut savoir se changer les idées. Et Marie-Ève ne manque pas d’intérêts.
« J’aime ce qui est varié, hors du commun. Ça me libère l’esprit et ça me crée un cercle social complémentaire à celui du travail. »
Violoniste depuis l’âge de neuf ans, elle se passionne pour l’univers de la musique, allant même jusqu’à performer au sein d’un groupe. À cela s’ajoute la pratique de la pôle fitness, de différents sports et, bien sûr, son passe-temps de tous les jours, prendre soin de son mâtin de Naples Sunny et de son teckel Pogo. Sa famille et son filleul prennent également une place importante dans sa vie.
En terminant, on a posé la question à Marie-Ève, ça fait quoi de travailler à la Ville de Trois-Rivières?
« On se sent comme des êtres humains, et non comme des numéros. Comme policière, on a une belle ville. Plusieurs festivals, on a une belle variété d’intervention possible et ça rend le travail d’autant plus intéressant. »
Marie-Ève, de la part de toute une ville, merci de nous avoir fait découvrir ton métier. Et merci de veiller sur nous.