accueil À propos de la ville Communications À la une Épisode 4 du balado « Travailler pour son monde »

Épisode 4 du balado « Travailler pour son monde »

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De l’asphalte à la cravate, le parcours d’Yvan, un homme de changement

C’est en 1983 qu’Yvan débute sa carrière à la Ville à titre de journalier où il « poussait une tondeuse ». À l’époque, les pratiques étaient, disons, différentes.

« Je me souviens, il y avait un chef d’équipe qui chauffait le pick-up. En arrière ce n’était pas un banc, c’était une boîte de bois. Les travailleurs étaient assis dans la boîte de bois avec les tondeuses, et le chef nous lâchait chacun dans nos quartiers pour l’avant-midi. J’ai fait Sainte-Marguerite au complet à faire la coupe de gazon et les plates-bandes. »

« À cette époque c’était un peu plus rough. […] J’ai vu des gens mettre leur tondeuse sur une souche et casser la tondeuse, et c’était voulu. Ils passaient l’avant-midi à ne rien faire parce que le gars qui chauffait le pick-up venait juste te rechercher à la fin de l’avant-midi. Mais je vous rassure, les gens n’étaient pas tous comme ça évidemment. »

 Yvan troque ensuite la tondeuse pour de la machinerie lourde. Aujourd’hui, si le temps de travail est réglementé pour assurer la sécurité tant des usagères et usagers que des travailleuses et travailleurs, la réalité n’était pas la même lors de son passage. Le « logbook » ne faisait pas partie du jargon.

« Des 16 ou 18 heures en ligne ce n’était pas rare. Quand on finissait notre quart de travail, on était accotés dans les cases à l’acheminement. On était fatigués c’était bin sur. Je me souviens, le surintendant il fumait la pipe et avait un œil un peu de travers. Il s’accotait sur le comptoir et nous demandait de rester parce qu’il manquait quelqu’un. Je te dis qu’on n’avait pas trop le choix de rester pour un avant-midi de plus! »

« Il y avait des contracteurs qui travaillaient pour moi. Ils prenaient des contrats sur des locations de machines et travaillaient de jour. Quand j’avais besoin de la machine la nuit, tu voyais revenir le même bonhomme. Je lui disais « va te coucher » et il me répondait qu’il n’avait pas de remplaçant!  

La tempête, elle s’en foutait qu’on aille des remplaçants ou pas. Ça prenait 3 jours la ramasser. Plus ça avançait plus je voyais dépérir le bonhomme, j’en avais quasiment pitié. Ce n’était pas aussi réglementé que ce l’est aujourd’hui. » 

Apprendre sur le tas

Peu importe le travail à abattre, Yvan et ses collègues répondaient toujours présents. Les années passent, et son engagement le mène à occuper le poste de coordonnateur aux bâtiments. Un rôle qu’il ne s’imaginait pas jouer dans sa carrière.

« Tout d’un coup tu deviens un expert parce que tu es nommé coordonnateur. Je me revois assis dans mon bureau en L en me demandant « bon, je coordonne quoi là? ».

J’avais un trousseau de clés, 350 bâtiments, autant des gros que des sheds de patinoires. Je commence par quoi? »  

Apprendre sur le tas. Ça ne faisait pas peur à Yvan. Journalier, chef de section à la voirie, coordonnateur aux bâtiments : chaque fois qu’il avait un nouveau défi à relever, il se retroussait les manches et s’attelait à la tâche. Ce parcours, cette ascension, c’est d’ailleurs la réalisation dont il est le plus fier. 

C’est ma plus grande réalisation. Je ne suis pas scolarisé bin bin moi, j’ai un secondaire 5 fort. Mais avec ma détermination et ma volonté de vouloir faire changer les choses, on m’a laissé la place, on m’a écouté. Le fait d’être parti de la gravelle et d’avoir réussi à influencer les plus grands décideurs de cette organisation, c’est ce qui me rend le plus fier. J’en ai des frissons.

La fierté d’être un col bleu

Quand Yvan nous parle de son parcours, il fait référence à l’image négative qu’on peut parfois attribuer aux cols bleus. 

« Nos employés cols bleus à Trois-Rivières sont des employés compétents. Chaque fois qu’on leur a demandé de participer, de faire avancer les choses, ces gens-là étaient toujours disponibles. Pour les avoir côtoyés, ce sont les meilleurs. Je n’ai pas peur de dire ça. » 

« À l’époque on voulait que nos citoyens puissent peser sur le crillard pour saluer nos cols bleus. On travaillait pour ça. Le citoyen met ses poubelles au bord du chemin, elles sont ramassées. Il flush sa toilette, l’eau part. Il s’en va le matin, le déneigement est fait. C’est fait par nos employés. Y’a une fierté à ça. On voulait aller jusque-là, que les citoyens envoient la main à nos cols bleus. » 

C’est ça, travailler pour son monde. 

Mission accomplie.

Yvan a accroché ses bottes de travail en mars 2023 à titre de chef de l’amélioration continue. Évidemment, « accrocher ses bottes de travail » est une expression toute relative. Entre ses séjours de chasse et pêche, ses périples en motoneige et l’entretien de son immeuble, Yvan profite de la vie et se tient occupé plus que jamais.

Son parcours est la preuve qu’à la Ville, le terrain de jeu est vaste pour celles et ceux qui souhaitent d’épanouir. On lui a demandé comment il résumerait sa carrière. 

« Mission accomplie. Mission accomplie avec fierté. On m’a laissé l’espace disponible pour m’épanouir, et je suis très serein avec ma carrière. J’ai toujours été bien traité à la Ville de Trois-Rivières. Il y a de la place à Trois-Rivières pour s’accomplir. Ça a été mon cas pendant 40 ans, et cet espace est encore disponible. » 

Yvan, à un homme de changement aux valeurs à la bonne place, bonne retraite (et merci pour les anecdotes dont on ne se lassera jamais).