S2 • Épisode 4 : Finances municipales 101 par Cindy, gardienne des coffres
Finances municipales 101 par Cindy, gardienne des coffres
Dans un couple, il y a souvent cette personne qui fait passer le portefeuille familial par toute une gamme d’émotions. Heureusement, pas très loin derrière, il y a cette tendre moitié qui nous rappelle qu’il faut prévoir les taxes, cotiser au CÉLI, au REER, au REEE… À la Ville, cette personne, c’est Cindy. Organisée et méthodique, elle t’arrange ça, un budget.
Sur son X depuis les 436
Son amour pour les mathématiques ne date pas d’hier. Alors qu’au primaire ou au secondaire, les passe-temps tournent habituellement davantage autour du sport, de la danse, du plein air, de la lecture, de la musique, Cindy, elle, encerclait d’autres moments importants sur son calendrier.
« Un de mes moments forts au secondaire, ça a été mon examen final de maths 436. J’avais vraiment aimé faire cette épreuve! Ce que j’aimais, c’était de résoudre des problèmes complexes en trouvant les solutions. »
À la suite d’un stage dans le milieu de la santé qui confirme son intérêt, c’est sans surprise qu’elle oriente son parcours en finances. L’année 2017 sera celle de toutes les opportunités pour Cindy qui entre à la Ville à la Direction de la police et la Direction de la sécurité incendie et de la sécurité civile.
« Je devais gérer les ressources financières et matérielles. On parle de la gestion de la masse salariale, des uniformes et des équipements pour bien faire fonctionner une caserne ou un poste de police. À la ligne « toutes autres tâches connexes », on devait aussi prendre les mensurations des pompiers pour commander les bonnes grandeurs des bunkers suits, soient les habits de combat. »
Un an plus tard, Cindy obtient un poste permanent à la Direction des finances à titre de conseillère, puis de coordonnatrice, et finalement d’assistante-trésorière.
« Je ne suis vraiment pas gênée de dire que je suis sur mon X! »
Budget et PTI, cuisine et épicerie
Deux grands éléments financiers guident les actions de la Ville de Trois-Rivières en matière de finances : le Plan triennal d’immobilisations (PTI) et le budget. Évidemment, dès qu’il y a un signe de $ à quelque part, Cindy et son équipe ne sont pas loin.
« Le PTI est un document où on prévoit les grandes dépenses en infrastructures pour les 3 prochaines années. La rénovation de la salle Thompson ou le remplacement de conduites d’aqueduc ou d’égouts, c’est là que ça se trouve parce que ce sont des immobilisations. »
« Dans le budget, on inclut des dépenses opérationnelles exemple le salaire des employés, les dépenses liées aux collectes ou au déneigement ou encore les subventions aux organismes. »
Et si tu nous aidais avec un exemple de la vie quotidienne, Cindy?
« Dans une vie de famille, si on veut rénover sa cuisine ou ajouter un garage, ça irait dans notre PTI. Ce sont des choses qu’on prévoit à long terme. »
Prévoir les dépenses, puis estimer les revenus
Donc, l’épicerie et le paiement des assurances iraient dans notre budget! Ah, les finances municipales, ce n’est pas si différent de la gestion du portefeuille familial. À la Ville comme à la maison, il faut donc planifier, et faire des choix. La première étape consiste à prévoir les dépenses.
« Le processus municipal s’échelonne sur l’année entière et s’intensifie à partir du printemps, mais c’est vraiment en septembre que la grosse job commence. Un comité formé de membres du conseil municipal et de fonctionnaires rencontre l’ensemble des directions qui présentent leurs besoins budgétaires en fonction des besoins en main-d’œuvre, des renouvellements de contrats anticipés et des recommandations faites au courant de l’année par les comités. »
Le maintien des contributions à la Société de Transport de Trois-Rivières et l’ajout de crédits budgétaires pour l’accès à la piscine de l’Université du Québec à Trois-Rivières font partie des exemples avancés par Cindy pour étayer son propos.
Une fois les dépenses abordées, c’est l’heure des revenus.
« À l’automne, on va évaluer toutes les nouvelles sources de revenus attendus pour l’année à venir. On pense par exemple aux permis de construction, à la péréquation, aux nouvelles subventions et aux droits de mutation. On compile l’ensemble des revenus et des dépenses, et ça donne un premier portrait global qu’on présente aux élus au lac-à-l’épaule en novembre avec différents niveaux de taxation. »
L’é-qui-libre
La taxe foncière est donc la dernière source de revenus évaluée pour balancer le budget. Et comme à la maison, établir les priorités entre rénover une salle de bain ou partir en voyage en famille, ça génère des discussions.
« C’est à ce moment que les décisions et les choix budgétaires deviennent plus politiques. Ça nous mène à l’adoption d’un budget en décembre. »
Évidemment, au gré du processus, de nombreux éléments ont un impact sur le budget municipal. En plus de l’inflation, la variation des taux d’intérêt qui a un impact sur les emprunts de la Ville cause parfois des maux de têtes à l’administration municipale. L’ajout prévu de nouveaux services, par exemple la collecte des matières organiques, ainsi que les changements climatiques et sociaux engendrant de nouveaux besoins font également partie des éléments ayant une incidence sur les finances publiques.
« Notre job, c’est de trouver l’équilibre entre les nouveaux revenus et les dépenses pour minimiser la hausse de taxes. »
L’é-qui-libre. Difficile à trouver, tant dans nos vies personnelles que professionnelles. D’autant plus quand on sait que les villes ne peuvent générer de déficit et terminer une année financière dans le rouge, contrairement aux gouvernements provincial et fédéral (vous l’ignoriez?).
C’est donc un défi d’équilibriste qui attend les administrations municipales en termes de prédictions financières.
« Annuellement, un surplus entre 2 et 5 % est considéré raisonnable. Lorsque ça arrive, on a une politique qui détermine ce qu’on fait. Un % va au remboursement de la dette, un % à la réserve financière en environnement, un % qui va en logement social et abordable, etc. En étant prévoyants, on s’assure de l’équité entre les générations avec ayant des fonds spécifiques pour des thématiques. »
La Ville tatouée sur le cœur
On vous entend souffler : c’est compliqué, un budget. Surtout quand il concerne une organisation de plus de 1 200 employées et employés desservant près de 145 000 personnes.
Pour décompresser, Cindy a un remède bien à elle : conjuguer famille et plein air.
« Sur l’heure du midi je vais courir, l’hiver en famille on est souvent sur les pentes. L’an dernier on a fait près d’une quarantaine de journées de ski! Et l’été on passe pas mal de temps aux terrains de tennis pour accompagner les enfants au parc Martin-Bergeron. »
Une recette que plusieurs d’entre-nous affectionnons particulièrement. Et ce n’est pas un hasard si elle précise son parc de prédilection…
« Ma famille pourrait vous le dire : j’ai vraiment la ville tatouée sur le cœur. »
Cindy, de la part de toute une Ville (et même si parfois on aurait bien envie de dépenser un peu), merci de garder notre portefeuille en santé!