La Fresque de Trois-Rivières

La Fresque de Trois-Rivières est la plus grande de sa catégorie. Avec ses 760 m2 de peinture réaliste et en trompe-l’œil, c’est la plus grande fresque au contenu historique de la province.

 

Du début à la fin : un projet de collaboration

Dans le cadre du 375e de la ville de Trois-Rivières, une œuvre murale monumentale a été conçue et réalisée par Murale Création.

La maquette, les grandes taches de couleurs, la mise en place des poncifs, le traçage, et la réalisation peinture ont donné un chantier coloré ainsi qu’un résultat rempli de couleurs, de nuances, de teintes et de tonalités. L’ensemble de la surface a pris vie graduellement pour devenir 12 tableaux historiques. Chaque scène est encadrée de murets où se retrouvent des textes explicatifs, le tout se déployant dans un panorama géographique où s’ajoute une foule de clins d’œil historiques se mélangeant dans les époques. Ce portrait du territoire évoque des souvenirs, des atmosphères, des ambiances, des moments et des impressions, tout en laissant transparaître des émotions.

À travers la succession des tableaux, on reconnaît une quarantaine de personnages connus et anonymes. Le contenu de la Fresque est parsemé de références à l’histoire et à l’identité de la ville de Trois-Rivières depuis sa fondation en 1634, le tout sur un fond de paysages qui prend les couleurs des saisons, comme la végétation qui la surplombe.

Un projet d’art public, un projet de mémoire populaire, où chaque élément est mis en place par un autre dans un équilibre compréhensible.

la Fresque en chiffres

Et autant de personnes qui de près ou de loin ont donné un coup de pinceau pour la réalisation de la Fresque de Trois-Rivières.

Scène 1 – Les Forges du Saint-Maurice

Les premiers explorateurs européens remarquent la présence d’importants gisements de minerai de fer à proximité du lieu dit les trois rivières. En 1730, François Poulin de Francheville, seigneur de Saint-Maurice, reçoit l’autorisation de les exploiter. Le haut fourneau est érigé en 1738, démarrant les activités de la première industrie sidérurgique en Amérique : les Forges du Saint-Maurice. On y fabrique toutes sortes de produits : poêles, chaudrons, marmites, enclumes, marteaux, pièces d’artillerie, boulets de canon, rails de chemin de fer… Première communauté industrielle au Canada, les Forges du Saint-Maurice ont un impact déterminant sur le développement de la région. Le haut fourneau et les deux forges demeureront en activité pendant 145 ans, avant de s’éteindre définitivement en 1883.

forges du Saint-Maurice

Scène 2 – Victoire de la bataille de Trois-Rivières

Dans la nuit du 7 au 8 juin 1776, les troupes américaines débarquent près de Pointe-du-Lac. Leur dessein est de s’emparer de Trois-Rivières, point stratégique entre Québec et Montréal. En pleine guerre d’indépendance, les Treize Colonies de la Nouvelle-Angleterre – futurs États-Unis d’Amérique souhaitent faire du Québec la quatorzième colonie. Les soldats américains somment le colon Antoine Gautier de les mener jusqu’à Trois-Rivières. Rusé, il leur déconseille de prendre la route le long du fleuve et les entraîne vers l’intérieur des terres, aujourd’hui le chemin Sainte-Marguerite. Pendant ce temps, son épouse Marie-Josephte file prévenir le capitaine de milice, de sorte que, lorsque les troupes américaines atteignent la ville, elles sont attendues de pied ferme. La bataille qui s’ensuit est de courte durée : Canadiens et Britanniques repoussent aisément les envahisseurs bostonnais.

Victoire de la bataille de Trois-Rivières

Scène 3 – Colonisation et traite des fourrures

À l’origine de la colonie, toute l’activité économique est orientée vers le commerce des fourrures. Grâce à son emplacement au confluent de deux voies d’eau importantes : le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saint-Maurice, Trois-Rivières devient rapidement un carrefour incontournable. D’ailleurs, le delta était depuis longtemps un lieu de rencontre et d’échange pour les populations amérindiennes. Le territoire est alors occupé par le chef montagnais Capitanal, grand ami des Français, qui demande l’érection d’une habitation en ces lieux. Conscient du potentiel de l’endroit, Samuel de Champlain envoie le Sieur de Laviolette fonder un poste de traite permanent à l’embouchure du Saint-Maurice, en 1634. Laviolette y fait construire le Fort des Trois-Rivières et une trentaine de colons s’y établissent. En fait, les premiers fiefs avaient déjà été concédés sept mois auparavant, le 3 décembre 1633, à Jacques Hertel et Jean Godefroy de Lintot. Tous deux ont agi à titre d’interprètes (de truchements) établissant des contacts avec la population amérindienne locale. On retrouve une forte concentration de coureurs des bois et de voyageurs à Trois-Rivières et dans les seigneuries voisines. Adoptant un mode de vie calqué sur celui des Amérindiens, ils sillonnent les routes d’eau en canot en quête de l’or brun, les peaux de castor. Ce faisant, ils découvrent de nouveaux territoires. Parmi les héros locaux, on compte Médard Chouart des Groseillers et Pierre-Esprit Radisson, qui entrent dans la légende avec leurs explorations autour de la Baie d’Hudson. N’oublions pas Nicolas Perrot et René Gaultier de Varennes Sieur de La Vérendrye, découvreurs de l’Ouest canadien.

Colonisation et traite des fourrures

Scène 4 – La drave sur la rivière Saint-Maurice

L’exploitation commerciale de la forêt mauricienne démarre au milieu du 19e siècle, stimulée par deux événements. D’une part, la fin du monopole détenu par les Forges du Saint-Maurice sur l’exploitation de la forêt ouvre le territoire aux autres entrepreneurs; d’autre part, la rivière Saint-Maurice est aménagée pour le flottage du bois. La vie économique de Trois-Rivières s’anime alors comme jamais auparavant. La ville profite de sa situation privilégiée au confluent de deux voies d’eau majeures, qui servent au transport du bois et fournissent une source d’énergie à peu de frais. Facilitée par ces conditions, la production de bois de sciage fait un bond prodigieux. Au tournant du 20e siècle, cinq scieries sont implantées à Trois-Rivières.

drave sur la rivière Saint-Maurice

Scène 5 – Les pâtes et papiers

Puis, l’industrie se réoriente vers la production papetière. Le développement fulgurant de la presse à large tirage, et l’ampleur de la demande américaine de papier journal expliquent ce fait. La première papetière trifluvienne, la Wayagamack Pulp and Paper Ltd, démarre sa production en 1912. Suivront la St. Maurice Pulp and Paper Company en 1917, puis la Canadian International Paper qui, lors de son ouverture en 1921, est la plus moderne au Canada et la plus grande usine à papier journal au monde. S’ajoute enfin la Three Rivers Pulp and Paper en 1923.Leur production combinée vaut à Trois-Rivières le titre de capitale mondiale du papier. Par ailleurs, un important gisement d’ocre a stimulé le développement de Sainte-Marthe-du-Cap. Jadis appelé Red Mill, ce gisement alimentait les Forges du Saint-Maurice, avant de servir à la pigmentation de la peinture produite par Canada Paint.

Pâtes et papier

Scène 6 – Une culture vivante

Avant la construction, en 1928, du Capitol, première salle de spectacle moderne de la ville, c’est à la salle de spectacle de l’Académie de La Salle ou du Séminaire Saint-Joseph, comme à l’hôtel de ville, que les Trifluviens se rendent pour assister au théâtre, au cinéma ou au concert. En 1978, la Ville de Trois-Rivières se porte acquéreur du magnifique théâtre Capitol. Il est rebaptisé salle J.-Antonio-Thompson, en l’honneur du grand compositeur, organiste et chef d’orchestre qui a formé plusieurs générations de musiciens trifluviens. La Maison de la culture est construite en 1968, devenant l’un des premiers centres culturels au Canada. Elle a subi d’importantes rénovations en 2004. Avec ses salles de spectacle, musées, galeries d’art, ateliers d’artistes, orchestre symphonique, festivals variés, troupes de théâtre, Trois-Rivières s’est mérité le titre de Capitale culturelle du Canada en 2009.

Sur les bancs d’école

Dès leur arrivée à Trois-Rivières en 1697, les Ursulines se sont consacrées à l’éducation des jeunes filles, la mission première de la communauté. Elles enseignaient la lecture, l’écriture et le calcul, de même que les arts ménagers et la bienséance, aux fillettes blanches et amérindiennes. Leur établissement, le Collège Marie-de-l’Incarnation, existe toujours aujourd’hui. Autres pionnières, les Filles de Jésus ont fondé un jardin d’enfance, l’école secondaire Keranna, l’école normale et l’institut familial Val-Marie. Les communautés religieuses masculines ont également joué un rôle prépondérant dans l’éducation des Trifluviens. Elles ont entre autres participé à la fondation du Séminaire Saint-Joseph, du Collège Laflèche et de l’Académie de La Salle.

fresque;culture vivante

Scène 7 – Le fleuve et le port

La croissance du commerce et de l’exploitation forestière au 19e siècle ont encouragé le développement des installations portuaires. Plusieurs entrepreneurs privés ont fait construire leurs propres quais d’amarrage pour faciliter le transport de marchandises vers leurs industries. L’instauration d’un service de traversier à compter de 1847 occasionne la construction du premier quai public. L’entrée en fonction des brise-glace, vers 1910, permet de poursuivre les opérations du port pendant toute l’année. Cette innovation permet au transport maritime de concurrencer le transport ferroviaire.

fleuve et le port

Scène 8 – Le marché aux denrées

La présence des vendeurs et acheteurs des marchés publics de Trois-Rivières contribue à l’animation du port. Le marché aux denrées, principal marché d’alimentation des Trifluviens, existe dès le début du 18e siècle. D’abord situé sur les rives du fleuve, le marché se fixe définitivement sur la rue des Forges à compter de 1803. Le simple pavillon subit un important agrandissement en 1846. On ajoute un second étage au bâtiment, où se tiendront les séances du conseil municipal et quelques concerts, et les personnages publics haranguent la foule depuis son balcon. Le marché aux denrées est alors le centre de la vie publique trifluvienne, un lieu de rassemblement commercial, mais aussi social, politique et culturel. Le marché sera complètement détruit par l’incendie de 1908. Il sera reconstruit l’année suivante, puis déménagé sur la rue Saint-Philippe en 1961. Il prend alors la place du vaste marché à bois et à foin. Un troisième marché, le marché aux poissons, est aussi installé sur les quais, attirant la foule.

fresque;marché aux denrées

Scène 9 – Le centre-ville et ses commerces

L’économie de la ville, née grâce au commerce des fourrures, a longtemps été basée sur le travail des artisans. Pendant de nombreuses décennies, Trois-Rivières a été reconnue pour ses canots d’écorce, des rabaskas, faits à la main et utilisés pour la traite. Puis, à compter de la seconde moitié du 19e siècle, la ville s’est enrichie de manufactures de cuirs et de textiles, comme la manufacture de gants et mitaines Balcer (1854) ou la manufacture de chaussures Smardon (1888). L’implantation de la Shawinigan Water and Power dans la ville voisine encourage le développement des diverses industries, puisqu’elle assure leur alimentation en électricité. La Wabasso Cotton, une usine de textile ouverte en 1907, fait partie de cette vague. Au cours de cette même période, l’activité générée par les prospères papetières se répercute sur l’ensemble du développement de la ville. La plupart des commerces de la ville étaient à l’origine concentrés dans le quartier des affaires, principalement sur les rues Notre-Dame, Craig, du Fleuve, Saint-Antoine et des Forges. Mentionnons Gros Marteau, une fonderie établie à l’angle des rues Notre-Dame et Sainte-Élizabeth. Elle cessa ses opérations en 1958, après 131 ans de services. Elle était, à sa fermeture, la plus ancienne entreprise de Trois-Rivières.

Plusieurs hommes d’affaires ont marqué l’histoire de la ville, notamment Aaron Hart. Ce premier Juif à s’établir au Canada arrive à Trois-Rivières en 1761. Il devient marchand et propriétaire terrien. Ses descendants géreront aussi plusieurs manufactures et, surtout, une brasserie importante, rivale des Molson de Montréal.

fresque;centre-ville

Scène 10 – Le parc Champlain et le Grand Feu de 1908

Le lundi 22 juin 1908, un violent incendie se déclare dans le quartier des affaires de Trois-Rivières. Le brasier, allumé accidentellement par deux enfants dans un hangar à l’angle des rues Saint-Georges et Badeaux, se répand rapidement. L’incendie fait rage pendant plusieurs heures, le feu dévorant une large portion du centre-ville entre les rues du Fleuve, Bonaventure, Champlain et Saint-Georges. Le parc Champlain, comme d’autres espaces publics, devient un lieu de ralliement pour les sinistrés qui y empilent des meubles et toutes sortes d’effets rescapés des flammes, et plusieurs y passent la nuit. Au lendemain de la catastrophe, les Trifluviens se retroussent les manches et les mesures de secours s’organisent. Vivres, vêtements et couvertures sont distribués aux sinistrés; un fonds de secours est créé; des lieux d’hébergement sont organisés. Les commerçants mettent en place des établissements de fortune à proximité des ruines pour fournir des denrées alimentaires et des matériaux de construction.

Trois-Rivières se relève dans une atmosphère de solidarité et d’entraide. Refusant de se laisser abattre, ses habitants se lancent le défi de reconstruire dans un temps record et de faire de leur ville une cité moderne. Face à l’adversité, les Trifluviens se serrent les coudes, comme ils l’ont fait à travers d’autres événements douloureux : les inondations du quartier Saint-Philippe (1896), la perte de citoyens dans les deux guerres, l’effondrement du pont Duplessis (1951), l’explosion sur le chantier du pont Laviolette (1965) et, plus récemment, la déflagration du secteur Pointe-du-Lac (2005).

fresque;parc champlain

Scène 11 – Village de Pointe-du-Lac

Construit vers 1780, le Moulin seigneurial de Pointe-du-Lac est l’un des joyaux du patrimoine bâti de Trois-Rivières. L’étang à proximité sert d’abord à alimenter le moulin à farine et la scierie adjacente, mais il a aussi été utilisé pour pratiquer toutes sortes de loisirs. Il accueille surtout des sportifs du dimanche, mais les installations trifluviennes accommodent des athlètes de tous les niveaux.

pointe-du-lac

Scène 12 – Des sportifs de pointe

Les enthousiastes des sports d’hiver se souviendront du saut à ski de Cap-aux-Corneilles, en bordure du Saint-Maurice. Cette glissoire de bois d’une hauteur de 50 mètres, construite en 1925 par le Trois-Rivières Ski Club, a reçu nombre de compétitions. Ils se rappelleront aussi des débuts du Club de curling, né dès 1875. Et que dire des équipes de hockey qui soulèvent les foules trifluviennes. À l’origine, les matchs de ce calibre étaient joués à l’Aréna Laviolette de la rue Sainte-Cécile. Ils ont été déplacés au colisée du terrain de l’exposition à compter de 1951, colisée qui servait de roulathèque avant l’installation des systèmes de réfrigération. Ce bâtiment, comme l’hippodrome et le stade de baseball, avait été construit à la fin des années 1930 alors que le terrain de l’exposition agricole a été transformé en parc d’amusement.

Les sports d’été ne sont pas en reste. Les Trifluviens profitent du magnifique site de l’Île Saint-Quentin, acheté par la Ville en 1948 pour en faire une plage publique. Ils peuvent aussi faire trempette au bassin du terrain de l’exposition qui, à sa construction, était la plus grande piscine extérieure en Amérique.

sport d'hiver