Les eaux usées domestiques proviennent des résidences (cuisine, salle de bain, buanderie, etc.) et sont acheminées vers le réseau d’égout municipal.
Lors de fortes pluies, le volume d’eau peut dépasser la capacité du réseau. Les municipalités doivent alors déverser une partie des eaux usées dans les cours d’eau, une pratique courante au Québec où on compte environ 50 000 déversements par an.
À Trois-Rivières, la majorité des conduites sont combinées, recueillant à la fois les eaux usées et les eaux de pluie. En cas de précipitations abondantes, ces réseaux peuvent rapidement être saturés, entraînant des risques de refoulements et de débordements.
Déversements planifiées
Lorsque des travaux d’entretien doivent être réalisés dans le réseau ou qu’un bris survient, un déversement planifié peut être nécessaire afin de permettre les opérations.
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) autorise ce type d’intervention, à condition que la municipalité mette en place des mesures d’atténuation pour réduire au maximum l’impact sur le cours d’eau récepteur.
Bien que non souhaitable, ce type de déversement demeure une procédure courante et encadrée par le MELCCFP lorsque certaines interventions doivent être effectuées sur le réseau municipal.
État de la situation
Avis de déversement planifié
Il n’y a pas d’avis en cours.
Levée d’avis de déversement planifié
L’avis de déversement planifié débuté le 23 novembre est levé. Pour en savoir plus : Fin du déversement planifié.
Consignes lors d’un déversement
La population est invitée à réduire sa consommation d’eau durant les travaux afin de limiter autant que possible le volume du rejet d’eaux usées. On parle de réduire ou reporter des activités comme la lessive, le lave-vaisselle ou le vidange d’une piscine.
La population est aussi invitée à ne rien jeter dans les toilettes comme à l’habitude, sauf le papier hygiénique.
La toilette n’est pas une poubelle
À l’exception du papier hygiénique, on ne doit rien jeter dans la toilette. Même pas les lingettes dites biodégradables ou jetable à la toilette.
Quel exemple de travaux d’entretien peut entraîner un déversement planifié?
Il peut s’agir de travaux de maintenance sur la conduite d’un poste de pompage. Cette intervention consiste au remplacement d’une vanne qui a atteint sa durée de vie utile, soit environ 35 ans.
Dans ces situations, nous devons intervenir pour éviter de subir des bris imprévus sur le réseau, bris qui auraient des impacts négatifs plus importants que ce que permet un arrêt planifié.
L’arrêt complet est le seul moyen de pouvoir effectuer ces travaux puisqu’on doit aller dans la conduite. On peut voir ça comme un shutdown dans une usine où la production doit arrêter complètement.
Les travaux entraîneront donc un déversement planifié pendant l’intervention.
Quelles seraient les conséquences de ne pas faire les travaux?
Toujours dans la même situation où une vanne doit être remplacée, les risques sont que sa condition soit si détériorée que l’eau usée coule dans le poste. Si ça arrive, le poste pourrait devenir non opérable et l’intervention serait considérablement plus longue.
Cette vanne permet d’isoler le réservoir anti-bélier et permet de minimiser le temps requis pour les opérations de maintenance. Une bonne maintenance des équipements est synonyme de moins de débordements dû à des bris.
Il faut finalement mentionner que ce genre d’équipement prend un délai de 3 à 4 mois pour la fabrication et la livraison. Donc si on ne prévoit pas son remplacement, les impacts peuvent être graves.
Quel volume d’eau peut-il être rejeté dans la nature?
Selon la durée des travaux, on peut parler d’une quantité qui avoisine entre 50 000 à 60 000 mètres cubes par jour.
Ce ne sont toutefois pas tous des litres d’eaux usées, parce qu’il y a encore des réseaux combinés à Trois-Rivières. Un réseau combiné recueille tant les eaux pluviales que les eaux de toilette. Ça ne minimise pas la situation, mais il y a donc de l’eau de pluie dans les déversements planifiS.
On nous a déjà demandé pourquoi on n’utilise pas des camions-citernes pour faire des réserves l’eau pendant les interventions. Ça prendrait plus de 2 000 camions par jour pour ces travaux, ce qui est impossible à réaliser.
Quelles mesures sont prises pour minimiser les impacts du déversement sur la nature?
Plusieurs mesures sont possibles, telles que procéder au débordement à plusieurs endroits plutôt qu’un seul. Le fleuve a une plus grande capacité de dissolution des matières, donc en y dirigeant une partie des eaux, ça évite de surcharger l’endroit concerné dans la rivière Saint-Maurice.
Une autre mesure de mitigation est le choix de la période pour effectuer les travaux. En novembre par exemple, on est hors période de frayère pour les poissons (reproduction) donc ça a moins d’impact. On est aussi à un moment de l’année où généralement la consommation d’eau résidentielle est moindre qu’à d’autres périodes.
Il est aussi possible d’installer un filet à la sortie de la conduite d’un poste de pompage à même la rivière Saint-Maurice. C’est une installation qui est perméable et qui permettra de retenir une partie des particules en surface. Cela facilite le nettoyage des berges après les travaux et minimise l’impact des déchets solides.
Ça ne veut pas dire qu’on peut jeter des objets dans les toilettes : la même demande demeure. Moins il y aura de déchets, moins il y aura d’impacts, et c’est là que la population a un rôle à jouer.
Quels sont les impacts potentiels sur la faune, la flore et les écosystèmes aquatiques?
L’impact est surtout sur le système aquatique. La charge organique qui est rejetée dans l’eau fait diminuer la quantité d’oxygène dans l’eau, ce qui peut nuire aux différentes espèces.
Évidemment, les gens ne doivent pas entrer en contact avec l’eau puisque les eaux non traitées peuvent contenir des bactéries (exemple : e. coli) et des virus. Il faut donc être vigilant.
Y a-t-il un risque pour la qualité de l’eau potable?
La réponse est non. La principale source d’approvisionnement en eau potable c’est la rivière Saint-Maurice, et la prise d’eau se fait beaucoup plus en amont que les lieux de déversement des postes de pompage.
Certains secteurs sont aussi desservis par des nappes phréatiques qui sont aussi situées en amont des lieux de déversements. De plus, leur profondeur les protège de la situation.
Quelles sont les mesures que la Ville prend pour éviter que ça ne survienne dans l’avenir?
Il va toujours y avoir des déversements afin de faire l’entretien de nos infrastructures. Les déversements planifiés pour de l’entretien sont mieux que des bris imprévus puisque nous sommes capables de mettre en place des mesures et d’être proactifs pour réduire les impacts.
Si un bris important arrive sous terre, les eaux usées se répandent rapidement et ça devient beaucoup plus difficile d’assurer un suivi.
Cela dit, l’enjeu de la gestion des eaux fait partie des priorités de la Ville. Depuis 2020, près de 100 M$ ont en effet été investis dans la modernisation des infrastructures et dans la séparation des réseaux de gestion des eaux sanitaires et pluviales à Trois-Rivières.
Voici quelques-uns des chantiers réalisés pendant cette période :
Réfection et séparation des conduites du boulevard Sainte-Madeleine : 18 M$
Modernisation du poste de pompage principal Cap-de-la-Madeleine : 15 M$
Réfection et séparation des conduites sur une partie du boulevard du Saint-Maurice : 10 M$
Mise à niveau du poste de pompage Lasnier : 5 M$
Travaux sur la rue Pratte : 4 M$
Travaux sur la rue Le Corbusier : 4 M$
Aménagement du bassin gravitaire Duguay dans le Bas-du-Cap : 3 M$
Remplacement des soufflantes aux étangs aérés de Sainte-Marthe-du-Cap : 3 M$
Mise aux normes du poste de pompage CATRO : 2 M$
Travaux sur la rue Demontigny : 2 M$
Combien de débordements y a-t-il annuellement à Trois-Rivières?
On a une soixantaine d’ouvrages qui servent à faire cheminer les eaux usées sur tout le territoire. Des bris surviennent à chaque semaine dans nos stations de pompage, notamment quand une trop grande quantité de déchets jetés dans les toilettes s’y accumule. Quand ça arrive, on doit déverser vers les milieux naturels pour réparer les pompes et ensuite reprendre du service.
Il y a également des débordements lorsqu’il y a une grande quantité de précipitations, ce qui engorge les réseaux. Pour éviter que ça refoule dans les sous-sols, on doit déverser parce que le réseau est à saturation.
Conséquemment, il y a plusieurs centaines de déversement chaque année. Par contre, ce ne sont pas tous des déversements de même ampleur, il faut aussi regarder leur intensité par habitant. À cet égard, Trois-Rivières est dans une situation comparable aux grandes villes.
Il faut également préciser que lors d’un déversement, il y a aussi de l’eau de pluie qui est dans les conduites. Ce ne sont donc pas 100 % des eaux qui sont usées.
Des analyses de la qualité de l’eau sont-elles effectuées avant, pendant et après le déversement?
Le ministère de l’Environnement n’exige pas cette mesure. La capacité de dilution du fleuve fait en sorte que la qualité de l’eau varie rapidement.
Évidemment, il est recommandé de ne pas entrer en contact avec l’eau près des lieux de déversement.
Dans un système de gestion des eaux, à quoi ça sert une vanne?
Dans un ouvrage de gestion des eaux, une vanne sert de guillotine, c’est-à-dire qu’elle permet d’isoler une partie du réseau pour pouvoir y travailler. La vanne en question est située à même le poste de pompage principal, d’où le fait qu’on doive rediriger l’eau ailleurs.
Pouvons-nous utiliser une partie des trop-pleins situés un peu partout dans la ville pour retenir une partie des eaux et les traitées ensuite?
La quantité d’eau est souvent trop importante, les manipulations ne sont pas possibles.
On se tourne donc vers les autres mesures de mitigation : diviser les endroits, ajouter un filet, réparation à une période propice et nettoyage des berges post-débordement.
On demande à la population de fournir un effort sur leur consommation d’eau et de ne rien jeter aux toilettes. Qu’en est-il des entreprises et grandes industries? Ne devraient-elles pas également contribuer?
Tout à fait. L’information qui est communiquée aux citoyennes et aux citoyens est la même que celle que les entreprises reçoivent. La gestion des eaux, c’est la responsabilité de toutes et tous.
Quelle est la différence entre un déversement et un débordement?
Le déversement peut être planifié et encadré, par exemple lors de travaux d’entretien, ou non planifié lors du bris d’une station de pompage. Dans ces situations, la Ville s’assure de réduire les impacts du rejet d’eaux usées sur l’environnement en réalisant les travaux correctifs dans les meilleurs délais.
Un débordement, quand à lui, survient lors d’une surcharge du réseau d’égout, souvent lors de fortes pluies. Cette situation est hors du contrôle de la Ville.